La transgression des motos futuristes dans les films de science-fiction : dépasser les limites ou perpétuer les clichés ?

Caroline Duvezin-Caubet

Dès que les effets techniques l'ont permis, les réalisateurs de science-fiction ont pensé leurs motos volantes, surpuissantes, armées, déformées et hybrides, un support dynamique à l'identité visuelle de leurs films. Certaines de ces motos imaginaires sont devenues plus cultes que des modèles réels. Mais au-delà de leur visuel mémorable et de leurs possibilités techniques illimitées, ces motos futuristes sont-elles vraiment un symbole de liberté ?


La priorité de la science-fiction en tant que genre est d'établir un monde cohérent et crédible, vision possible du futur extrapolé à partir des technologies disponibles à l'époque où l'oeuvre est créee, et qui sera accepté par le spectateur. On lui reproche souvent de faire passer la psychologie des personnages et la complexité du message au second plan, pour se concentrer sur une unité de surface dans le déroulement de l'intrigue et la construction de l'identité visuelle. La moto, qui se décline en une infinité de modèles est facilement modulable. Elle représente une surface de projection idéale pour l'établissement de cette esthétique, et est souvent utilisée comme telle. Mais cela aurait également tendance à la reléguer dans l'arrière-plan de l'intrigue, plus souvent choisie comme élément du décor aisément reconnaissable que pour l'histoire contre-culturelle qui y est associée ou même en tant que moyen de transport spécifique. Pour s'adapter aux environnements futuristes, elle devient en effet fréquemment une moto volante, affublée d'accessoires et parfois même déformée en moyen de transport hybride. Et si elle soulève toujours la question de la rébellion, de la liberté individuelle face à la société instaurée par les classiques comme Easy Rider, la reprise sans distance qu'en fait la science-fiction risque de la faire basculer dans le conformisme du cliché.


I. Course-poursuites les cheveux au vent : motos non-futuristes dans un univers de science-fiction




Pour illustrer ce point, nous allons mentionner quelques films qui, s' ils se déroulent dans un univers à technologie futuriste, utilisent des motos normales et dans de brèves séquences, et n'ont donc pas vraiment leur place dans notre corpus.
Dans Escape from L.A., le protagoniste Snake Plissken doit récupérer un appareil qui pourrait désactiver la technologie de la planète entière, détenu par le rebelle Cuervo Jones. Lors d'une parade, il saute en marche sur une des motos des hommes de main de Cuervo (de type "chopper") pour tenter de s'approcher de ce dernier. La scène dure moins de cinq minutes, l'occasion de faire quelques cascades (wheeling arrière, saut) et un peu de combat, c'est-à-dire de montrer la force physique et la résistance du héros.
La moto a une utilisation similaire dans Matrix: Reloaded, où Trinity enfourche une Ducati en pleine autoroute pour effectuer une course-poursuite effrénée. La moto sert ici surtout d'outil pour une scène d'action dangereuse (slalom entre les voitures à grande vitesse en essayant de distancer les agents de la Matrix qui lui tirent dessus depuis une voiture), avec des ralentis qui sont la marque de fabrique visuelle des films Matrix. Les problématiques du film (les rebelles qui cherchent à briser la main-mise absolue de la Matrix sur l'humanité) rejoignent la question de la rébellion face à la société, mais c'est surtout l'occasion de justifier la combinaison en cuir moulante portée par Trinity. Il s'agit par ailleurs d'un des trois seuls exemples du corpus où la moto est conduite par une femme.
Similairement, dans I, Robot, l'humanité a donné une autonomie quasi-totale aux robots et aux intelligences artificielles, ce qui la rend complètement vulnérable lorsque ceux-ci décident de l'asservir "pour son propre bien". C'est grâce à sa méfiance paranoïaque à leur égard que le détective Del Spooner arrive à enrayer la prise de pouvoir, un fait illustré dans les véhicules qu'il pilote. Alors que sa voiture hyper-technologique est aisément pistée et attaquée par des robots, la moto qu'il garde dans un vieux garage lui permet d'évoluer librement dans la ville pour mener son enquête. La nostalgie d'une époque plus manuelle est un trait définitoire du personnage : il porte entre autres des Converse de 2004 (nous sommes en 2035) et sa moto fonctionne à l'essence, à la grande horreur de sa passagère, Dr Susan Calvin. Matrix et I, Robot mettent tous deux en garde contre le danger de laisser trop d'autonomie aux machines et font de la moto un signe d'indépendance, bien que son symbolisme et son temps d'apparition soient négligeables à l'échelle des films.
En revanche, la célèbre séquence d'ouverture de Terminator II donne une place relativement importante à la moto. Le Terminator, arrivé tout nu en 1997, trouve un motard à sa taille dans un bar et lui demande ses vêtements, ses bottes et sa moto. Le combat qui s'ensuit établit la force supérieure du cyborg, et l'effarement des motards qui faillissent à leur réputation de gros bras est comique pour le spectateur. Mais la scène fait aussi jouer intelligemment les deux versants de l'image du motard. Dans le premier volet de Terminator, le personnage éponyme était envoyé en 1984 pour tuer Sarah Connor, la future mère de celui qui allait devenir le chef de la résistance. De son côté, la résistance envoyait un homme pour la protéger. Or, la voix off de Sarah au début de Terminator II nous annonce qu'un deuxième Terminator est envoyé plus tard dans le passé pour tuer John Connor en tant qu'adolescent, et qu'à nouveau, la résistance a réussi à lui envoyer un protecteur. Mais il s'avère que ce protecteur n'est pas le deuxième personnage apparu tout nu au début du film, qui vole les vêtements d'un policier, mais le Terminator lui-même, reprogrammé par John Connor pour le faire travailler pour la résistance. Le "policier" est en fait le T-1000, un modèle plus avancé de Terminator, et l'assassin envoyé contre John Connor. Ce n'est pas un hasard qu'il se déguise en force de l'ordre, se fondant dans les rangs des détectives et docteurs qui croient Sarah Connor folle lorsqu'elle les met en garde contre un soulèvement proche des machines. Le Terminator, en revanche, choisi le parti des marginaux (les motards), ce qui semble d'abord l'associer au danger et à la violence, mais se révèle, dès lors qu'il protège John, être un symbole de liberté et d'indépendance de pensée. La métaphore est d'ailleurs filée dans le personnage de John, qui possède une moto cross. Le film joue sur l'ambiguïté de l'image du motard à la Hell's Angels (antagoniste ou héros ?) pour créer un retournement de situation et surprendre son spectateur : la moto, bien que normale, est donc bien plus que l'occasion de faire des courses-poursuites sur l'autoroute.
Inversement, dans Star Wars II: l'Attaque des Clones, la moto (type "chopper" sans roues) volante pilotée par Anakin Skywalker lorsqu'il traverse le désert pour tenter de sauver sa mère des hommes des sables n'a aucune composante idéologique. L'absence de contact avec le sol augmente la vitesse, donc l'urgence, et c'est un véhicule solitaire. Eventuellement, l'appareil pourrait à nouveau jouer sur l'ambiguïté antagoniste/héros, puisque le massacre brutal de l'intégralité des hommes des sables (après que sa mère meurt dans ses bras) est un signe avant-coureur de la transformation d'Anakin en Darth Vador dans l'épisode III. Mais à mon sens, il s'agit surtout d'un choix visuel, pour pouvoir montrer la silhouette d'un chopper sur fond de soleil couchant. Une moto futuriste, mais avec une utilisation purement visuelle, raison pour laquelle elle ne sera pas étudiée dans la catégorie suivante.


II. Motards vs Big Brother : détournement de motos futuristes des forces armées

1. Véhicules de fuite et poursuite




Les améliorations technologiques et la customisation qui touchent les motos dans les films de science-fiction ont à première vue un impératif visuel : celui de les fondre dans l'univers créé. Mais à bien y regarder, nombre de motos sont bien plus que des éléments du décor. Comme leur pendants non-futuristes analysées plus haut, elles sont un symbole de liberté individuelle face à l'oppression de la société dystopique, un fait exprimé par un motif récurrent : le détournement de motos appartenant aux forces armées. Dans Judge Dredd, les lawmakers ("tribuno-glisseurs") pilotés par les juges sont avant tout un reflet de leur uniforme, dans une esthétique très années 90 et comic book : colorés, lourdement chargés (et armés), à peine moins larges que les "voitures". Néanmoins, dans l'idée, ils sont singulièrement adaptés à l'environnement physique et idéologique. Les mégapoles souffrent de surpopulation, ce qui les oblige à s'étirer en hauteur : une moto volante est donc idéale pour circuler dans l'environnement urbain des gratte-ciel (gain d'espace latéral et vertical). De plus, les juges sont censés être des éléments indépendants de la justice (arrêtant et jugeant dans le même temps). A nouveau, la moto aide à véhiculer cette notion de liberté individuelle. Mais on ne voit pas les tribuno-glisseurs fonctionner correctement selon l'usage prévu : ils sont montrés à l'arrêt, roulant sur leurs deux roues, atterrissant rapidement dans un coin de l'image, et malfonctionnant lors d'une démonstration à l'académie. Ce n'est que lorsque Judge Dredd, revenu dans la ville malgré son bannissement, en vole un, que l'on voit vraiment les turbino-glisseurs en vol, slalomant entre les gratte-ciel et se tirant dessus dans l'obligatoire course-poursuite. De même, dans Robocop, la moto fait partie de l'attirail de ce super-policier, lui permettant de circuler librement pour faire des arrestations, tout comme ses capacités physiques supérieures et la partie modifiée de son cerveau (qui a accès à tous les casiers judiciaires, dossiers d'affaires et caméras de surveillance) lui permettent d'enquêter indépendamment. Sa partie robotique est censé faire de lui un instrument idéal de la justice, incorruptible et objectif. Le docteur Norton aide tous ses patients à prendre conscience du fait que leurs prothèses (dans le cas de Murphy, son corps tout entier) ne sont qu'un prolongement de leur esprit, qu'elles leur appartiennent au même titre que leurs anciens membres. Sa moto est elle-même un prolongement de la prothèse corporelle : elle est non seulement à l'image de son propriétaire (forme, couleur, phares rappelant la fente rouge de la visière de Murphy), mais dans la totale continuité de son corps. Vus de l'avant ou de l'arrière, homme et machine forment une seule et même entité : l'esthétique de la moto relaie le rapport de Murphy à son nouveau corps. Mais Norton et Omnicorp peuvent influer sur la chimie organique de Murphy, immobiliser son corps et même lui donner l'illusion que ses décisions prises en situation de combat sont le fruit de son libre-arbitre. Son individualité et sa liberté ne pourront être gagnées qu'en démantelant le système corrompu de la police et en enquêtant sur son propre attentat. La moto futuriste, grâce à sa vitesse et à sa résistance, lui permet de poursuivre des adversaires et de traverser plusieurs bâtiments (presque) sans dommages. Sans être aussi spectaculaires que les motos volantes, évoquées plus haut, la moto de Robocop est tout à la fois symboles de liberté, d'indépendance et d'identité individuelle. Dans The Island, l'avancée technologique futuriste ne touche pas toute la société à parts égales. Dans le monde extérieur, on trouve surtout un système de surveillance qui identifie chaque individu en scannant sa rétine (souvent utilisé pour cibler les publicités) et un environnement urbain étiré à la verticale, où la circulation s'effectue sur plusieurs niveaux (des tramways aériens circulent entre les gratte-ciels). La police dispose de voitures et hélicoptères apparemment normaux. Le gros du progrès semble être au profit de l'entreprise Merrick Biotech, bien entendu pour les techniques de clonage mais aussi pour certains véhicules, dont une moto volante aérodynamique avec pare-brises et réacteurs qui prend Lincoln et Jordan en chasse alors qu'ils tentent de s'enfuir sur un poids-lourd. Après avoir désarçonné les pilotes de l'un des engins, ils prennent leur place et essayent échapper à leurs poursuivants, par la voie des airs. Bien entendu, Lincoln prouve son statut de héros en réussissant à piloter cet appareil inconnu mieux que ses poursuivants surentraînés qui lui tirent dessus, effectuant des virages serrés pour les faire s'écraser contre des bâtiments et des tramways. Ce faisant, ils s'affranchit des règles de circulation normales, tout comme il n'a pas sa place dans la société en tant que clone. Outre sa maniabilité dans le paysage urbain, cette moto volante s'illustre par sa résistance : Jordan et Lincoln arrivent à traverser un gratte-ciel de part en part avant d'être éjectés du véhicule. Dans l'épisode VI de Star Wars, on voit cette fois les motos volantes transposées en-dehors du cadre urbain. Les "speeder-bikes" pilotées par les Stormtroopers semblent adaptées à l'environnement forestier de la lune d'Endor, étroites et maniables, slalomant entre les troncs d'arbres comme entre les gratte-ciel dans les exemples précédents. En revanche, la couleur blanche des véhicules et des pilotes montre qu'ils sont des éléments étrangers, qui n'ont pas leur place dans ce monde naturel (contrairement aux Ewoks et aux rebelles en tenue de camouflage). Suivant un motif repris de façon très similaire dans Judge Dredd, Leia et Luke volent l'une des motos pour poursuivre celles qui partent donner l'alarme, les rattrapent, puis Luke saute sur la moto d'un des poursuivants en parallèle et le jette par-dessus bord. Ce type de course-poursuite en environnement encombré (d'arbres, de gratte-ciel) met le héros en danger constant et lui permet d'établir sa supériorité grâce à ses réflexes surhumains, ainsi que d'éliminer des poursuivants sans se salir les mains, simplement en prenant des virages serrés au dernier moment pour les voir exploser contre un arbre.


2. Combat sur deux roues : Tron et Rollerball



L'intérêt principal de ces scènes de détournement de motos volantes appartenant aux forces armées est celui de tout film d'action : des séquences de course-poursuite originales. La rapidité et la maniabilité de la moto permet des changements de plan rapides, et le vol est l'occasion d'offrir un angle de vue différent pour faire découvrir l'environnement (généralement) urbain. Ce motif visuellement dynamique est assez conformiste dans ses clichés (la femme sera toujours une passagère), mais il associe étroitement la moto à l'évasion et à la liberté, offrant une prise de hauteur autant littérale que métaphorique. C'est sur ce point que nous allons comparer deux films où apparaissent des motos futuristes qui sont devenus le symbole de leur identité visuelle : les "light cycles" ("cycles lumineux") dans Tron et Tron: Legacy. Dans la séquence d'ouverture de Tron, un personnage anonyme joue à un jeu d'arcade intitulé "light cycles" où les motos servent à mener un jeu de combat à un contre un: leur trajectoire devient une bande de couleur solide, et le but est de forcer l'adversaire à s'écraser contre celle-ci en la prenant de vitesse par un virage à épingle. Dans le monde à l'intérieur des ordinateurs, la grille, les "light cycles" font partie d'une série de jeux auxquels les agents du MCP soumettent les programmes qui croient aux concepteurs, le but étant de les faire s'éliminer les uns les autres. Lorsque Flynn se retrouve enrôlé dans les jeux, celui des "light cycles" se révèle plus complexe qu'il n'y paraissait : on peut y jouer de stratégie en s'alliant avec d'autres joueurs (les programmes Tron et Ram) et en créant des labyrinthes avec les trajectoires. Mais Flynn va plus loin : il crée une brêche dans un mur de l'arène de jeu en faisant s'écraser un de ses adversaires contre ledit mur, et utilise les "light cycles" non plus pour se battre, mais pour s'échapper de l'arène avec ses alliés et explorer d'autres parties du monde virtuel. Ces motos sont entièrement fermées, comme des voitures (en dehors du fait qu'elles ont deux roues et qu'elles peuvent rouler sur des chemins étroits où les tanks n'arrivent pas à s'engager). Malgré les limitations techniques en matière d'animation à l'époque de la réalisation du film, qui rapproche une grande partie du monde virtuel de l'esthétique d'un jeu en 8-bits, les "light cycles" y sont un symbole de liberté et de rébellion face au totalitarisme du MCP. Par ailleurs, ils sont si intimement liés à l'identité visuelle du film que Disney a utilisé un modèle d'exposition pour faire la promotion de Tron: Legacy voir http://io9.com/5322645/io9-visits-flynns-arcade-gets-first-look-at-new-light-cycle/. Au début de ce film, la voix de Kevin Flynn exprime ce lien en cherchant à représenter visuellement le fonctionnement des ordinateurs : "J'imaginais les blocs d'informations qui circulent dans l'ordinateur. A quoi ressemblaient-ils ? A des vaisseaux, des motos ? Les circuits étaient-ils comme des autoroutes ?" Mais dans cette suite, les motos restent essentiellement limitées à leur visuel (épuré et élégant, créé par Daniel Simon). Les avancées techniques depuis 1982 sont clairement visibles dans la séquence des jeux, plus longue et élaborée que dans l'original, et où l'espace ne se limite pas à deux dimensions : les combattants évoluent sur différents niveaux et peuvent même permuter le sol et le plafond. Dans les combats de "light cycles", Sam Flynn utilise son expérience de motard dans la vie réelle (le film invente une moto à Kevin Flynn, dont son fils a hérité) pour prendre un avantage sur ses adversaires une fois qu'il a assimilé les règles du jeu. L'espace est plus complexe et les possibilités de combat plus variées, mais Sam se retrouve en difficulté face à Clu et doit être sauvé par Quorra, qui entre dans l'arène avec un véhicule à quatre roues. Plus tard, il utilise un light cycle blanc conçu par son père (dont le design rend hommage aux véhicules originaux) pour partir à la recherche du programme Zuse. Les agents de Clu récupèrent la moto et peuvent ainsi déterminer d'où elle est partie : le repère de Flynn, que Clu recherche depuis des années pour mettre la main sur son disque et passer dans le monde réel. La moto reste ainsi enfermée dans les limites spatiales qui lui sont imposées par l'autorité totalitaire (l'arène), et se retourne même contre les héros. Son utilisation va de pair avec la qualité générale du film : visuellement élaboré et élégant, à la pointe des effets spéciaux, mais superficiel. De même, la moto de Sam dans le monde réel a une symbolique extrêmement basique : au début, c'est un adolescent attardé qui roule sans respecter les limitations de vitesse (tout comme il refuse de s'investir dans l'entreprise de son père, ENCOM, où il est actionnaire majoritaire). A la fin du film, il a grandi : il reprend le contrôle de l'entreprise et la moto lui sert à emmener Quorra en balade dans la nature. Cette comparaison semble bien illustrer que ce n'est pas parce que la moto est intégrée visuellement dans une séquence de détournement qu'elle n'est pas pour autant enfermée dans des limites, que celles-ci se situent au niveau de l'intrigue ou dans la perpétuation des clichés sans aucune ironie. Une mention rapide doit être faite des deux films Rollerball (l'original de 1975 et la nouvelle version de 2002) : après tout, si trois joueurs de chaque équipe sont à moto, ce sont ceux montés sur rollers qui sont les stars et l'élément offensif du jeu – d'où le nom de ce sport. Mais comme dans les deux Tron, les motos y sont utilisées pour mener un "combat" (match) avec contacts dans un espace fermé, impliquées dans des Jeux à la romaine qui servent à éliminer les éléments rebelles de la société totalitaire et/ou à satisfaire la soif de sang du peuple. Ici, aucune évasion n'est possible : l'original illustre de façon intelligente et pessimiste la futilité d'une révolte individuelle face aux corporations toutes-puissantes (bien que la dernière image laisse en suspens l'action finale de Jonathan E). Dans la nouvelle version, la rébellion (plus simpliste, contre un businessman qui sacrifie la vie humaine sur l'autel de l'audimat) s'effectue à coups de poings et d'armes à feu dans la dernière demi-heure du film. La tentative d'évasion en moto de Jonathan et Marcus, qui essayent de rallier la frontière russe, se solde par un échec, même si elle illustre la pulsion libertaire de la moto. Il est intéressant de noter que dans le Rollerball de 1975, les trois motards servent d'élément stabilisateur et protecteur au sein de l'équipe, et ne marquent jamais de points. Le Rollerball de 2002, qui rend aussi hommage à l'inspiration roller derby dans les tenues très individualisées des joueurs (contrairement aux uniformes de ligue en 1975), rend les motards plus mobiles (on voit Aurora marquer un point) et laisse une place aux sauts à moto dans les cascades. Les modèles des motos se font d'ailleurs plus marquants visuellement : parfois caparaçonnés, parfois au contraire de type chopper. Marcus et Aurora ont cependant comme rôle, dans l'intrigue, de protéger le héros tête brûlée. Nous reviendrons sur le statut d'Aurora comme motarde par la suite. Dans les deux films, les motos vont surtout rajouter un danger supplémentaire lorsque le jeu dégénère (les pénalités et la limite de temps sont supprimées dans la dernière partie, avec comme objectif d'éliminer Jonathan E./Cross) : elles explosent et brûlent, tuant ou blessant plusieurs joueurs. Les deux Rollerball utilisent donc la moto d'une façon assez différente que les autres films du corpus, l'enfermant définitivement dans un terrain circulaire et une position stratégique défensive. Mais ils abordent dans leurs intrigues des questions de liberté et de place de l'individu vis-à-vis d'une communauté totalitaire qui sont centrales à Tron et à nombre d'autres films analysés ici.

III. S'adapter pour explorer : la moto futuriste intégrée dans un autre véhicule


Dans plusieurs occurences de notre corpus, la moto futuriste n'est qu'une partie d'une structure plus large. Ainsi, dans The Dark Knight, le batpod émerge de la batmobile gravement endommagée, constitué de deux des roues, un guidon et des armes. Ce film marque la désagrégation de l'identité du héros masqué dans la trilogie de Nolan. Le Joker le met face à ses pires peurs, et alors que la batmobile le dissimulait, le batpod laisse Batman complètement exposé. C'est sur cette moto qu'il quitte la ville après s'être accusé des meurtres commis par Harvey Dent. On pourrait voir dans le batpod et le rapport ensemble/partie un reflet du questionnement de Bruce Wayne (quelle est sa place dans la ville ?), mais n'oublions que Nolan était surtout au devoir de décliner les différents véhicules de Batman sous un nouveau design pour le plaisir des fans et les revenus des fabricants de jouets. La place laissée au batpod à l'écran et dans l'intrigue n'est pas suffisante pour justifier une analyse poussée. Dans Oblivion en revanche, la moto-accessoire est plus symbolique. Assez haute, angulaire, avec des roues peu proéminentes, elle est légère, pliable, et conçue pour que Jack Harper puisse l'extraire lui-même de sa machine volante et la déplier lorsqu'il a besoin de se déplacer au sol. Elle lui sert également à accrocher sa corde lorsqu'il descend en rappel pour examiner un drone endommagé en sous-terrain. Mais la corde est coupée par un coup de feu, et la moto disparaît. A la suite de cet épisode, Jack se demande pourquoi les charognards cherchaient à le capturer et non à le tuer. Ses soupçons grandissent, et il s'avère rapidement que son indépendance en tant que technicien, manifestée à terre par sa moto, est toute relative. Pour lui prouver que sa vie est un mensonge, les pillards l'envoient avec Julia sur sa moto examiner les ruines d'une ville qui lui aide à retrouver la mémoire: Julia est sa femme, et le vaisseau qu'il croit prêt à partir pour Titan est en fait le repaire d'une intelligence extraterrestre qui exploite la Terre et ses habitants survivants. Bien que la moto n'ait pas un rôle central dans l'intrigue, son passage d'accessoire à moyen de transport indépendant accompagne la prise d'indépendance mentale du personnage, et la question de la place de Jack dans l'histoire (tout/partie) est centrale au vu de la révélation finale sur son identité. Bien évidemment, les apparences radicalement opposées des motos dans The Dark Knight et Oblivion reflètent les identités visuelles de leurs films respectifs. Dans la série Battlestar Galactica, on trouve, comme dans Oblivion, l'utilisation de motos pour s'adapter à un environnement terrestre. Après avoir atterri sur Terre, les guerriers Troy et Dillon enfourchent des "turbines" pour se déplacer, des motos équipées de lasers et qui peuvent également voler. Le but premier est de passer inaperçus, ce qui échoue lorsqu'un gang type Hell's Angels les rattrape sur l'autoroute, insistant pour savoir de quel type de moto il s'agit (des Yamaha MX 175 modifiées). Par conséquent, les guerriers s'envolent, laissant les motards stupéfaits voir http://www.youtube.com/watch?v=y7CvyLCZtMg. Dans un script original, les turbines devaient être dépourvues de roues, un détail qui fut changé pour des questions pratiques et de budget. Or, c'est le statut limitrophe des motos futuristes, entre réalité et (science-)fiction, qui nous intéresse à présent.


IV. La moto futuriste comme hybride entre science et fiction, réalité et rêve : aux frontières du deux-roues motorisé

1. L'horizon des possibles




Pour revenir à The Dark Knight, d'après cet article http://mad-science.wonderhowto.com/inspiration/bat-science-realistic-are-batmans-gadgets-dark-knight-rises-0138210/, qui examine le réalisme des gadgets de Batman, le moteur situé à l'intérieur des roues du batpod est une caractéristique peu, mais bel et bien dévéloppée par certains constructeurs automobiles. L'auteur affirme que la technologie pour fabriquer le véhicule est disponible, bien qu'extrêmement coûteuse. Les appareils imaginés par les designers dans les films de science-fiction fascinent les amoureux de la moto, et poussent les constructeurs à créer les motos futuristes dans la vraie vie, ou à s'en inspirer pour des apparences et des avancées technologiques extravagantes (voir le "detonator" décrit ici http://gizmodo.com/5854977/the-detonator-is-a-huge-science-fiction-motorcycle-brought-to-electric-life/). Il ne s'agit pas pour nous de savoir si les différentes motos futuristes décrites comme "réelles" sur le net le sont bel et bien, mais simplement d'établir le mouvement de va-et-vient entre fiction et réalité qui caractérise les motos de science-fiction. L'obsession de faire voler les motos, que l'on retrouve dans nombre de nos exemples, s'est en tout cas concrétisée dans la vraie vie avec la hoverbike http://www.motor-infos.tv/video-673-moto-volante.html, bien qu'on soit encore très loin du design épuré des motos fictionelles. Inversement, si les films donnent généralement des capacités technologiques très avancées aux motos dans l'intrigue, les effets spéciaux eux-mêmes peuvent être très minimalistes. Ainsi, d'après un article paru dans Motomag http://www.motomag.com/Cinema-une-moto-de-science-fiction-dans-Looper-video.html, la moto volante rétro qui fait quelques brèves apparitions dans Looper était simplement montée sur une tige qui a été effacée en post-production. Le but était de se distancer des univers entièrement numériques comme Tron pour rester en harmonie avec l'atmosphère post-apocalyptique rétro.


2. L'essence de la moto




En oscillant entre réalité et fiction, la moto futuriste a également tendance à brouiller les limites entre les différents véhicules, et donc à nous faire nous demander ce qui fait vraiment une moto. La moto de The Island n'est pas loin d'un avion jet, celle de Judge Dredd, d'un jet-ski. Le "light cycle" original de Tron, avec son toit intégral, ressemble presque à une voiture, quant au badpod, ses pneus sont ceux de la batmobile. Aisément maléable, la moto futuriste finit par ne plus ressembler à rien. Dans un article sur la hoverbike http://www.moto-infos.com/actualite-9126-la-moto-volante-hoverbike-en-video-science-fiction-ou-reve-accessible.html, l'auteur souligne le fait que "[...] à partir du moment où l’engin n’a pas de roues et qu’il vole, ce n’est plus vraiment une moto". Cependant "la position de conduite du pilote et la présence d’un guidon (même si l’engin se manie aux genoux), rappellent ceux d’une moto". C'est donc le corps du motard lui-même qui aide à définir les limites du véhicule, un fait qui s'illustre avec les "light cycles" de Tron : Legacy. Malgré sa pauvreté idéologique, le film fait pleinement usage de ses possibilités techniques en ralentissant la séquence d'apparition de la moto déjà présente dans Tron pour que le spectateur en voie tous les éléments. Le bâton qu'on remet à Sam Flynn dans l'arène le laisse d'abord perplexe, et il essaye de l'utiliser comme une épée. En réalité, pour matérialiser le "light cycle", il faut sauter en tenant le bâton comme un guidon et en prenant la position d'un motard. Contrairement aux véhicules de l'original, les "light cycles" de Tron: Legacy n'ont pas de toit : à la place se trouve la courbe formée par le casque du conducteur et son dos. Le rapport intime, physique du motard à son véhicule est ainsi matérialisé – la même fusion se produit dans Robocop. Un deuxième critère de définition de la moto (puisque les deux roues ne sont pas toujours utiles dans des univers où les personnages circulent beaucoup par la voie des airs) pourrait être trouvé dans la façon dont elle évolue dans son environnement : maniabilité, adaptation, et surtout, transgression. Les séquences de course-poursuite avec slaloms sont avant tout des scènes d'action, mais elles servent aussi à établir que le véhicule ne répond pas aux mêmes règles que ceux qui l'entourent, qu'il est capable d'évoluer de façon différente (et souvent illégale).




V. L'autre science-fiction : gangs et femmes à moto

Ce corpus de films perpétue presque intégralement le cliché de l'homme (seul, avec éventuellement un(e) passager/ère) conduisant sa moto pour échapper à une pression totalitaire et établir sa liberté individuelle. Cependant, deux films font exception. Dans Mad Max 1 et 2, la question des gangs australiens [lien vers l'article "Bikers australiens"] est transposée dans l'univers post-apocalyptique où les conducteurs se battent pour récupérer du pétrole (surtout dans le 2). Les gangs de motards sont des pillards sans foi ni loi, vengeant la mort des leurs mais par ailleurs sans morale : ils passent à tabac, violent, brûlent et tuent des innocents. La narration en voix off au début du 2 fait de la mobilité le critère premier de survie. Le contraste entre voitures et motos n'en est pas pour autant manichéen. Dans le premier volet, Jimmy "le gorille", le coéquipier de Max, est un motard, et le gang de motards s'en prend à la famille de Max pour venger la mort de leur frère aîné, "L'Aigle de la Route", qui conduisait une voiture. Par ailleurs, l'uniforme tout de cuir noir des policiers (que Max adopte dans la dernière partie du film) est une tenue de motard. Dans le deuxième volet, les gangs qui assiègent la raffinerie sont constitués de véhicules à deux et à quatre roues. Dans la séquence d'ouverture, il est établi que les véhicules plus maniables ont un avantage, car les conducteurs doivent slalomer entre les carcasses de voitures qui jonchent les routes. Mais cela oblige simplement Max à avoir des meilleurs réflexes que les autres pour manoeuvrer sa voiture. L'opposition communauté/individu est également loin d'être claire. Alors que dans le premier volet, Max se détachait des lois de la société et de toute attache pour se venger seul du gang de motard, le deuxième volet lui fait réaliser qu'il a besoin d'appartenir à un groupe, une famille pour que son existence ait un sens. La voiture de Max a été modifiée pour avoir un moteur surpuissant. Rien n'est dit sur les capacités des autres véhicules, mais les motos en particulier ont une apparence distinctive, qui aide à établir l'atmosphère post-apocalyptique du film. Sales et abîmées, leurs capots sont ornés de papier aluminium et de peaux de bêtes, mélange encore plus clairement visible dans les tenues des conducteurs à forte tendance punk. Le visuel hétéroclite matérialise la désagrégation de la société : véhicules et vêtements sont réparés avec des matériaux trouvés. Motos et voitures sillonnent les routes et les déserts, mais sans effectuer une véritable exploration du territoire, puisque celui-ci est désert. Comme dans les autres films post-apocalyptique du corpus (sauf Judge Dredd), l'apparence des motos vient marquer la régression de la société qui se désagrège, livrée aux gangs et aux mafias. Il est dommage, quoique que peut-être pas une coïncidence [voir "Les femmes et la moto"], que le seul film du corpus où la moto joue un rôle central dans l'intrigue et où elle est pilotée par une femme soit un nanar. Cyclone établit d'entrée le statut de Teri comme une motarde et une femme forte : elle fait de la musculation en salle de sport, conduit une moto japonaise rouge, se défend contre des hommes qui l'embêtent et sait reconnaître la valeur d'un outil en acier allemand dans un magasin de motos. Malgré sa réification à l'écran par ses vêtements, elle garde jusqu'au bout des façons masculines de parler (et d'insulter), et résiste à de la torture par éléctrochocs. Le fait qu'elle accomplisse la volonté de son petit ami défunt dans la deuxième moitié du film la rend un peu moins indépendante, mais lorsqu'elle reçoit du renfort à la fin, c'est de la part d'une femme (une agent du FBI qui découvre que son collègue était de mèche avec les antagonistes). La moto "Cyclone" du titre est par contre pourquoi moins intéressant qu'elle n'apparaît dans le synopsis http://www.lerepairedesmotards.com/dossiers/films/cyclone.php. Après avoir été réglée par ordinateur, elle se conduit comme une moto normale. Rick la décrit comme "l'arme ultime", mais Teri ne fait usage de ses canons lasers et fusées que dans la scène finale, à l'arrêt sur sa moto (probablement pour des questions de budget). Le gouvernement ne s'intéresse en réalité pas au cyclone, mais à la pièce détachée qui lui permet de marcher avec une énergie propre indépendante. Avec Mad Max, Cyclone est donc un des seuls films de science-fiction à aborder le problème des ressources limitées en pétrole par le biais des motos. Mais rien ne justifie la présence de l'appareil sur une moto de façon spécifique, si ce n'est que Teri doit se battre seule contre ceux qui ont fait assassiner son petit ami. L'intrigue n'est pas assez inventive pour contre-balancer le visuel fortement daté des années 80, et c'est Teri, plus que la moto, qui fait de ce film une exception digne d'analyse dans ce corpus de science-fiction. L'autre motarde en titre, Aurora de Rollerball, apparaît en effet d'abord comme une femme forte et indépendante, surnommée la Veuve Noire, et agacée par le manque d'esprit d'équipe du protagoniste. L'équipe de Jonathan est mixte et apparemment très égalitaire : dans les vestiaires (communs), hommes et femmes sont torse nu sans que la différence de sexe semble être remarquée. Mais dès lors que la relation cachée entre Jonathan et Aurora est montrée au spectateur (peu de temps après qu'elle a enlevé son casque intégral), elle devient son point faible, utilisée comme un pion pour l'obliger à rester dans le jeu. Affectée à une autre équipe, elle est dépouillée de son casque et d'une grande partie de ses vêtements, et devient peu ou prou à la fois objet sexuel et demoiselle en détresse, et cela malgré les efforts qu'elle déploie pour protéger Jonathan de sa propre irresponsabilité et de sa naïveté. Tant qu'elle est encore casquée, elle montre néanmoins des cascades impressionantes.


VI. L'aura des accessoires : casques de motos et combis de cuir
Un dernier point mérite d'être fait sur les vêtements et accessoires liés à la moto. Un nombre important de personnages dans les films du corpus portent des combinaisons ou des vestes en cuir, sans que cela ne soit réellement justifié par leur présence à moto (Snake Plissken est à moto pendant moins de cinq minutes). L'aura de héros/antihéros à la James Dean semble se passer du véhicule qui va avec. Pour certains cependant, les vêtements prennent une véritable dimension symbolique. Lorsque Max enfile l'uniforme de cuir noir punk de la police à la fin du premier volet de Mad Max, c'est paradoxalement pour montrer qu'il s'affranchit de la loi pour se faire justice lui-même. Dans le deuxième volet, cette même combinaison, à présent sale et déchirée, en fait une figure liminaire entre les membres de gangs en cuir noir (style punk voire sado-masochiste) et les pionniers de la raffinerie, en vêtements blancs flottants, brouillant l'opposition manichéenne. Rollerball (1975) donne un uniforme hybride aux joueurs, avec pantalon de cuir noir et gants hérissés de piques, mais maillot coloré type équipe de football, qui indique la dimension primaire, sacrificielle de ce jeu sous des apparences de sport de ligue. La reprise de 2002 fait porter à certains joueurs de long manteaux de cuir noir style Matrix. Dans Oblivion, au fur et à mesure que Jack Harper découvre la vérité sur qui il est et ce qui s'est réellement passé sur Terre, sa combinaison blanche matelassée devient de plus en plus sale, et ressemble par conséquent de plus en plus à une combinaison de motard. Le cuir noir semble être associé à la prise de conscience : dans The Island, une fois échappés du centre de clonage, Jordan et Lincoln délaissent leurs combinaisons blanches pour mieux se fondre dans le monde extérieur grâce à...du cuir noir. A l'inverse, ils sont peu nombreux à porter des casques, puisque l'utilisation des motos est souvent improvisée et de courte durée. Dans Judge Dredd, le casque fait partie de son costume de super-héros, et aide à dissimuler l'identité (un point soulevé par son avocate par rapport à la vidéo où l'on voit le protagoniste prétendument tuer un journaliste). Mais il est lié aux comics originaux, non à la présence ou à l'absence de moto. La même remarque vaut pour Robocop (qui conduisait des voitures dans les films précédents). Tron : Legacy joue sur l'anonymat conféré par le casque intégral à visière teintée : c'est l'occasion de surprendre Sam lorsqu'il découvre que son mystérieux sauveur est une femme. Le casque permet aussi de dissimuler le visage du guerrier Tron (lobotomisé par l'ennemi) pour cacher à Flynn (et au public) qu'il est encore en vie. Ender's Game, film de 2013 dans lequel ne figure pourtant aucune moto, joue sur un effet de suspense similaire en coiffant le personnage principal d'un casque intégral sur l'affiche (il porte bien un casque, mais à visière transparente, et une combinaison matelassée dans le film afin de s'entraîner au combat dans une salle à gravité zéro).


Conclusion
Dans les films de science-fiction de ce corpus, le motard est quasi-exclusivement une figure solitaire associée à des valeurs positives, défenseur de la liberté individuelle face à des sociétés totalitaires et menaçantes (futuristes et/ou post-apocalyptiques). Le culte des James Dean et Marlon Brando est repris comme code visuel et idéologique pour sortir le héros du lot, mais en balayant sous le tapis l'ambiguïté de ces rôles et les transformations apportées par les films sur la moto depuis les années 60. La moto futuriste est signe de liberté (lorsqu'elle appartient aux forces de l'ordre, elle est obligatoirement détournée par le héros pour la réconcilier avec sa nature profonde), mais la reprise sans distance critique de ce message lui donne le conformisme propre aux clichés, encore augmenté par le machisme [voir "Les femmes et la moto"] (qui frappe le monde des motards comme celui de la science-fiction). La femme sera passagère et non pilote, sauf dans Cyclone (et Rollerball). Et seul Mad Max aborde la question des gangs de motards et de la désagrégation sociale qui s'ensuit quand chacun se fait justice. En soi, le manque de subtilité dans le message idéologique n'est pas surprenant puisque la moto n'est quasiment jamais au coeur de l'intrigue. Elle est élément du décor, symbole de l'identité visuelle du monde de science-fiction, moyen d'exploration d'espace inconnus, et (en tant que moto volante) offre un angle de vue différent sur l'environnement urbain. C'est en tant que surface de projection des fantasmes individuels quant à l'avancée technologique que la moto futuriste s'avère le plus complexe et intéressante: à la frontière entre réalité et fiction, entre présent et passé, elle brouille les frontières entre les véhicules et interroge ce qui fait l'essence d'une moto.

 

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Filmographie

Science-fiction futuriste rétro (des années 70 et 80)

• Rollerball (1975), Norman Jewison

2018. Le monde est contrôlé par des corporations économiques telles la corporation de l'énergie, basée à Houston. Les corporations dirigent des formations sportives pratiquant le rollerball, sport extrêmement populaire et violent ne permettant pas l'émergence de vedettes individuelles. Jonathan E. (James Caan), joueur vedette, brise ce tabou en survivant à des matchs disputés sans règles, mettant ainsi à mal la philosophie même du rollerball et de cette société du futur : « Le jeu est plus grand que le joueur ». Devant sa popularité gênante, les cartels exigent de Jonathan son retrait avant la finale annuelle. Résistant à toutes les pressions, y compris la mort cérébrale de son meilleur ami Moonpie, (John Beck), lors de la demi-finale et malgré les avertissements de son entraineur (Shane Rimmer), Jonathan livre une finale sans règles ni durée dont le seul but est son élimination, et au cours de laquelle tous les autres joueurs meurent. Après avoir épargné le survivant de l'autre équipe et marqué un point, son nom est clamé comme un hymne par les spectateurs. Il se dirige vers la tribune des cartels et lève le poing...
Le rollerball est un mélange de rollerderby, baseball et hockey où la balle est remise en jeu par un ordinateur. Il semble être l'unique sport de cette sociétée du futur, utilisé pour canaliser la violence de la population et illustrer la futilité d'une révolte individuelle. Sous ses apparences de sport de ligue, c'est un jeu à la romaine (sacrificiel). Il se dispute dans une arène fermée et circulaire. Chaque équipe compte trois joueurs à motos équipées d'anneaux de métal auxquelles les joueurs à roller peuvent s'accrocher pour se stabiliser ou se faire tracter lorsqu'ils sont blessés. Ces motards peuvent rouler par-dessus un joueur, mais ont surtout un rôle défensif – ils ne marquent par exemple pas de points et sont beaucoup moins mobiles que les skateurs.
Un remake a été réalisé en 2002 (Rollerball de John Mc Tiernan). L'action se passe en 2005 au Kasakhstan, où le créateur du jeu, Alexi Petrovitch (Jean Reno), entreprend de se faire une place dans l'audiovisuel en rajoutant de la violence scriptée dans le rollerball, mettent ainsi la vie des joueurs en danger. Jonathan Cross (Chris Klein), star de l'équipe des Zhambel Horsemen et tête brûlée, découvre la vérité grâce à l'aide de son meilleur ami Marcus Ridley (LL Cool J) et de la belle Aurora (Rebecca Romijin-Stamos), tous deux joueurs à moto.  Après une tentative de fuite vers la frontière russe, Jonathan se retrouve ré-enrôlé de force dans une dernière partie au cours de laquelle Petrovitch compte bien l'éliminer...
Le cadre de cette nouvelle version n'est pas futuriste, mais sa modification du rollerball laisse plus de place aux motos. L'arène devient un parcours de style skatepark, les vêtements fortement individualisés et accessoirisés des joueurs rappellent le rollerderby et même le catch. Les joueurs à moto peuvent marquer des points, même s'ils peuvent toujours tracter les skateurs.

• Battlestar Galactica (série), 1978-1979, Glen A. Larson
Des humains issus des douze colonies, survivants à une guerre contre les cylons, se mettent en quête d'une mythique 13ème colonie nommée Terre à bord de vaisseaux spatiaux, poursuivis par une flotte de cylons. Lorsqu'ils arrivent sur Terre dans l'épisode en trois parties "Galactica Discovers Earth", deux personnages en reconnaissance circulent sur les "turbines", qui ont l'apparence de motos normales mais peuvent devenir invisibles, voler, et sont équipées de canons lasers.

• Tron, 1982, Steven Lisberger
Le programmeur Kevin Flynn (Jeff Bridges) cherche à trouver la preuve que son ancien employeur, Ed Dillinger, a volé la paternité des jeux d'arcade qu'il avait développés pour la société ENCOM. En s'introduisant dans les locaux de l'entreprise, il est digitalisé et transporté dans la grille, le monde virtuel à l'intérieur des ordinateurs, par un canon à particules expérimental. Dans la grille, il s'allie avec des programmes fidèles aux concepteurs, dont Tron (Bruce Boxleitner), lequel a été conçu dans le but de protéger le système, pour survivre aux jeux. Trouver une preuve de sa paternité des jeux devient vite moins important que de rester en vie et d'empêcher le MaîtreContrôleProgramme, qui contrôle la grille et manipule Dillinger, de passer dans le monde réel. L'un des jeux auxquels le MCP fait participer les programmes fidèles aux concepteurs pour les annihiler est le combat de "light cycles" ("cycles lumineux"), des motos dont la trajectoire forme des murs contre lesquels ils doivent faire s'écraser leurs adversaires grâce à des virages serrés. Il apparaît également dans le monde réel, comme jeu d'arcade dans la première séquence du film.

• Star Wars Episode VI: Return of the Jedi, 1982, George Lucas
Les rebelles lancent une mission pour détruire une nouvelle étoile de la mort dont le système d'armement n'est pas encore censé être opérationnel. Après avoir tiré Han Solo des griffes de Jabba The Hut, Leia, Luke, Chewbacca et les droïdes s'infiltrent sur la lune forestière d'Endor, peuplé d'Ewoks, dans le but de détruire les générateurs du champ de force de l'étoile qui s'y trouvent. Au cours de l'infiltration, ils sont aperçus par des Stormtroopers qui enfourchent des motos volantes pour donner l'alerte. Luke et Leia les poursuivent sur une de leurs propres motos et entreprennent de tuer et/ou désarconner tous les Stormtroopers pour les réduire au silence en une course-poursuite effrénée entre les arbres, avant que Leia ne tombe de sa moto.

• Cyclone, 1987, Fred Olen Ray
Nanar à budget réduit. Lorsque Rick Davenport (Jeffrey Combs) est assassiné, il demande à sa petite amie motarde, Teri Marshall (Heather Thomas), de faire en sorte que la moto futuriste qu'il a conçu ne tombe pas aux mains d'agents du gouvernement corrompus. Le Cyclone possède un système d'armement et une programmation complexe, et en y ajoutant une pièce détachée, il fonctionne avec une énergie propre renouvelable. C'est cette pièce que les antagonistes cherchent à s'approprier pour la vendre aux Chinois contre cinq millions de dollars. En cherchant à protéger le Cyclone, Teri est trahie par tout le monde, de ses proches au FBI, poursuivie et torturée. Elle finit par détruire la pièce tant convoitée.



Science-fiction futuriste (années 90 et 2000)

• Terminator II: Judgment Day, 1991, James Cameron
En 2029, sous le commandement de John Connor, les humains gagnent la guerre qu'ils mènent depuis de longues années contre les machines. L'ordinateur Skynet qui contrôle les machines, envoie un tueur cyborg ultra-perfectionné, le T-1000 (Robert Patrick) dans le passé, en 1997, afin d'assassiner un John Connor adolescent (Edward Furlong). La résistance réussit à envoyer un protecteur à John à la même époque, un Terminator T-800 (Arnold Schwarzenegger), celui-là même qui avait été envoyé en 1984 pour tuer la mère de John, Sarah Connor (Linda Hamilton) avant même que celui-ci ne soit conçu (dans Terminator I), et a été reprogrammé par John en 2029 pour aider la résistance. Arrivé tout nu du futur, le Terminator entre dans un bar de motards, en trouve un qui fait sa taille et lui demande ses vêtements, ses bottes et sa moto. Bien entendu, celui-ci refuse, et le combat qui s'ensuit montre la force surhumaine du cyborg. A présent vêtu à la Hell's Angels et juché sur une moto de type chopper, le Terminator se met en quête de John Connor. Parallèlement, le T-1000 a pris l'apparence (et la voiture) d'un policier pour localiser sa cible. Après avoir prouvé à John qu'il est là pour le protéger et non pour le tuer, le Terminator est poursuivi par le T-1000 sur l'autoroute avec l'adolescent comme passager.

• Star Wars II: Attack of the Clones, 2002, George Lucas
Affecté à la protection de la sénatrice Amidala (Nathalie Portman), l'apprenti Jedi Anakin Skywalker (Hayden Christensen) est torturé par des rêves où il voit sa mère mourir. Revenant sur sa planète natale Tattoine avec Amidala, il apprend que sa mère a été enlevée par les redoutables hommes des sables il y a un mois. Laissant Amidala sous la protection de sa belle-famille, Anakin enfourche une moto volante pour traverser le désert et voler au secours de sa mère. Il la retrouve, mais elle meurt dans ses bras. Fou de chagrin, il massacre l'intégralité du campement des hommes des sables - hommes, femmes, et enfants.

• The Matrix Reloaded (II), 2003, Andy et Lana Wachowski
Sur les conseils de l'Oracle, Neo, Trinity et Morpheus libèrent le Gardien des clefs, qui devrait leur permettre d'accéder à la source de la Matrix et de la détruire. Tandis que Neo retient les serviteurs du Mérovingien, qui maintenait le Gardien des Clefs prisonniers, les autres s'enfuient. Lors d'une course-poursuite sur l'autoroute, Trinity et le Gardien des Clefs volent une Ducati 996 transportée sur un poids-lourd et filent à toute vitesse entre les voitures tandis que les Jumeaux leur tirent dessus depuis la voie supérieure.

• I, Robot, 2004, Alex Proyas
En 2035, à Chicago, les robots participent aux tâches de la vie quotidienne et de nombreux appareils disposent d'intelligences artificielles. En enquêtant sur le suicide présumé d'Alfred Lanning (James Cromwell), l'un des pères fondateurs de la robotique, le détective Del Spooner (Will Smith) découvre des incohérences autour du robot Sonny et se met à avoir des soupçons sur les actions des robots, malgré l'incrédulité de la robospychologue Dr. Susan Calvin (Bridget Monayhan). Ces soupçons sont pleinement confirmés lorsqu'il s'avère que les robots de nouvelle génération, sous le commandement de l'intelligence artificielle VIKI, vont asservir l'humanité "pour son propre bien". Suite à un accident de voiture au cours duquel un robot l'a sauvé lui et non une petite fille, Del Spooner se méfie des capacités de décision des robots et I.A.s. Il aime les objets vintage : des Converse All Stars de 2004, un réveil des années 90, un lecteur CD et une moto roulant à l'essence. Après avoir été attaqué et presque tué au volant de son Audi 2033 RSQ futuriste par tout un convoi de robots, Spooner choisit d'éviter les véhicules hyper-technologiques et se déplace en moto, prenant Calvin comme passagère, tandis qu'il enquête sur Sonny et Lanning, et ce contre la volonté de ses supérieurs, qui le croient paranoïaque.

• The Island, 2005, Michael Bay
En 2019, les riches peuvent s'acheter une police d'assurance sous la forme de clones d'eux-mêmes, produits par l'entreprise Merrick Biotech et conservés jusqu'à qu'ils soient utilisés comme donneurs d'organes ou mères porteuses. L'entreprise fait croire au monde extérieur que les clones sont maintenus dans un état de conscience végétatif, alors qu'ils sont en réalité bien conscients et cachés sous Terre, persuadés d'être les derniers survivants de l'humanité après une catastrophe planétaire. Ils vivent dans l'espoir de quitter le complexe sous-terrain en gagnant à la loterie et en étant envoyés sur l'Ile, un paradis (illusoire) où ils devront être les nouveaux Adam et Eve. En vérité, la loterie appelle les noms de ceux auxquels on va prélever des organes. Le clone Lincoln-6-Echo (Ewan McGregor) est témoin d'une telle scène et convainc sa camarade Jordan-2-Delta (Scarlett Johannson), qui vient de gagner à la loterie, de s'enfuir avec lui. Alors qu'ils découvrent avec émerveillement le monde extérieur et tentent de trouver leurs sponsors (ceux dont ils sont les clones), ils sont pris en chasse par les forces armées de Merrick Biotech, déguisés en policiers et agents du FBI, qui ne veulent surtout pas que la vérité sur l'état de conscience des clones soit découverte. Cachés sous un camion et attaqués par des agents sur des motos volantes, Jordan et Lincoln réussissent à s'approprier l'un des véhicules et s'échappent en slalomant entre les tramways suspendus et les gratte-ciel, jusqu'à en traverser un de part en part, ce qui les désarçonne et les laisse suspendus au bord du vide.

• The Dark Knight, 2008, Christopher Nolan
Tout en tentant de comprendre le plan complexe et délirant mis en place par son ennemi, le Joker (Heath Ledger), Batman (Christian Bale) se rend de plus en plus compte que le vrai héros dont la ville de Gotham a besoin pour se libérer de la corruption est le nouveau procureur général, Harvey Dent (Aaron Eckhart). Lorsque Dent devient fou et meutrier après l'assassinat de sa fiancée Rachel (Maggie Gyllenhaal), puis meurt, Batman prend sur lui la responsabilité de sa mort et de celles des gens qu'il a tués afin de protéger les intérêts de la ville. Alors qu'il poursuit le Joker en centre-ville, la batmobile se retrouve gravement endommagée. Des débris émerge le badpod, une moto extrêmement nue (mais armée) dont l'esthétique reflète celle de Batman et de Gotham City. Le Joker, arrêté en plein milieu de la route, encourage Batman à lui foncer dessus, et celui-ci ne change d'avis pour l'éviter qu'à la toute dernière seconde.

• Tron : Legacy, 2011, Joseph Kosinski
En 2009, le héros du film original, Kevin Flynn, a disparu depuis vingt ans. Son fils Sam, attiré dans l'ancienne salle d'arcade par un message de son père, se retrouve transporté à l'intérieur de la grille par un canon, et capturé avec des programmes rebelles qui résistent à la tyrannie de CLU. Ce programme fut conçu par Flynn à son image pour l'aider à instaurer une nouvelle grille (après l'élimination du MCP dans le film de 1982), mais lorsqu'il découvrit l'existence de programmes apparus spontanément, les algorithmes isomorphiques ("ISO"), il chercha à les détruire, rompant avec son créateur. Flynn, incapable de retourner dans le monde réel, se cache en bordure de la grille en compagnie d'une ISO, Quorra. CLU cherche à éradiquer toute confiance des programmes envers leurs concepteurs, et recherche activement le disque de Flynn, qui lui permettra de passer dans le monde réel pour en prendre le contrôle. Sam est enrôlé de force dans les Jeux, au cours desquels différents programmes s'affrontent en combat à mort. Lorsqu'il blessé en combat de disques lumineux, révélant qu'il n'est pas un programme, CLU décide de se battre contre lui en combat de "light cycles", sur un principe similaire à celui utilisé dans Tron, mais sur différents niveaux et avec plus d'options (il est possible de saboter la light cycle d'un adversaire, et les rubans de trajectoire ne sont pas complètement solides). Sam est en difficulté (sa light cycle vient d'être détruite) lorsque qu'un conducteur casqué fait irruption dans l'arène dans un véhicule à quatre roues et le sauve. C'est Quorra, qui le mène jusqu'à Flynn. Pour trouver un moyen de vaincre CLU et retourner dans le monde réel avec son père, Sam lui emprunte un ancien modèle de light cycle, conçu par Flynn lui-même pour les Jeux des années auparavant. Dans le monde réel, Sam a hérité de la moto de son père et l'utilise pour rouler de façon irresponsable sur la voie routière.

• Oblivion, 2013, Joseph Kosinski
En 2077, après une guerre contre les extraterrestres qui ont volé la Lune, l'humanité a été victorieuse, mais en sacrifiant la Terre, devenue quasiment inhabitable. Une nouvelle colonie s'établit sur Titan, une des lunes de Saturne. Jack Harper (Tom Cruise), technicien chargé de l'entretien des drones qui pompent l'eau de mer pour la transformer en énergie, doit partir pour Titan dans quelques semaines. Un jour, il voit s'écraser un objet et découvre dans les décombres des humains endormis dans des capsules. Les drones essayent de les éliminer, mais Jack réussit à sauver une femme, Julia (Olga Kurylenko). Le comportement des drones, les étranges souvenirs évoqués par la présence de Julia, ainsi que des révélations fait par les "charognards" qui tentent de saboter les drones depuis des décennies, amènent Jack à douter de ce qu'il croyait être la vérité et de sa propre histoire. Jack habite dans une station au-dessus des nuages avec sa coéquipière Victoria (Andrea Riseborough), qui sert de relai, et reçoit ses ordres de "Sally" (Melissa Leo) depuis le centre de commande. Il descend sur terre dans un engin volant futuriste, dont il peut tirer une moto pliable pour se rendre dans des endroits difficiles d'accès. Volée par les charognards, la moto lui est par la suite restituée alors qu'il se lance à la découverte des ruines pour comprendre les souvenirs incompréhensibles qui hantent son subconscient.

• Robocop (2014), José Padilha
Détroit, 2028. Des drones, robots et exosquelettes sont utilisés pour "pacifier" les conflits à l'étranger, mais la société Omnicorp, qui a le monopole de la robotique armée, se voit interdire le marché américain à cause de la loi Dreyfuss. Pour prouver aux Américains que les robots peuvent les protéger et non les mettre en danger, le PDG d'Omnicorp, Raymond Sellars (Michael Keaton) décide de fabriquer un cyborg, mi-homme de loi, mi-robot, et se tourne vers le docteur Dennett Norton, spécialisé en prothèses ultra-technologiques. Le détective Alex Murphy (Joel Kinnaman), grièvement blessé dans un attentat monté par des policiers corrompus, leur sert de cobaye. Mais en le rendant plus efficace, Norton se voit forcé de repousser toujours plus loin ses frontières éthiques en réprimant de plus en plus la partie humaine du tout nouveau Robocop, qui fait sensation auprès du public. Interpellé par le désespoir de sa femme et de son fils, Murphy part à la recherche de la vérité sur son attentat et sur la main-mise qu'Omnicorp a sur lui.
La prothèse corporelle de Murphy est complétée par une moto noire, dont les phares rappellent la fente rouge de sa propre visière. Une fois en selle, il semble ne faire qu'un avec le véhicule, et peut ainsi enquêter seul à travers la ville corrompue. Rien n'est dit explicitement sur le futurisme de la moto, mais l'univers du film montre une technologie hyper-perfectionnée dans tous les aspects de la vie courante. La moto est en tout cas aussi résistante que la combinaison de Robocop, et lui permet de traverser portes et parois en verre ainsi que d'essuyer des échanges de coups de feu.



Science-fiction rétro post-apocalyptique

• Mad Max, 1979, George Miller
Dans un futur proche, les grandes nations sont entrées en guerre pour le pétrole. Exaspérées par la situation de crise, les populations se sont révoltées, les gouvernements essaient de maintenir un semblant d'ordre tandis que des bandes de délinquants sillonnent les routes désertées d'une Australie méconnaissable. Max Rockatansky (Mel Gibson) est un policier de la route qui tente de faire régner l'ordre face aux pirates de la route avec son coéquipier, Jim Goose "le Gorille" (Steve Bisley). Lors d'une poursuite automobile au début du film, un voyou se nommant lui-même l' "Aigle de la Route" se tue en tentant d'échapper à Max. Son frère, le chef d'un dangereux gang de motards, décide de le venger. Les motards, qui sont un danger sur la route, pillent, terrorrisent et violent, semblent aussi avoir de d'influence auprès de la justice. Quand Jim se retrouve à l'hôpital, grièvement brûlé par le gang, Max prend peur et décide de quitter son poste de policier intercepteur. Il part alors vers le Nord avec sa femme (Joanne Samuel) et son bébé (Brendan Heath). Mais les motards parviennent à le retrouver et tuent sa famille. Max bascule dans la folie meurtrière, et se fait lui-même justice. Il remet son uniforme en cuir noir de policier, prend le volant d'une voiture noire au moteur surpuissant, et traque les motards jusqu'à les avoir tous éliminés.

• Mad Max 2: The Road Warrior, 1981, George Miller
Cinq ans après le premier opus, la désagrégation de la société suite à la guerre pour le pétrole se poursuit. La police a disparu. "Mad" Max Rockatansky (Mel Gibson) traverse le désert dans sa voiture avec un chien pour seul compagnie, évitant les gangs et récupérant de l'essence sur des carcasses de voiture. Il apprend l'existence d'une raffinerie de pétrole protégée par un groupe de pionniers, assiégée par un mélange de gangs de motards et de voitures, dont le motard fou Wez (Vernon Wells) et le chef Humungus (Kjell Nillson), défiguré derrière un masque. Les pionniers sont à la recherche d'un véhicule suffisamment grand pour transporter leur citerne en direction de la mer. Max s'engage à leur en fournir un en échange de tous tous les bidons d'essence que sa voiture peut porter. Malgré leur méfiance initiale, il gagne la confiance des pionniers en leur ramenant un camion. Les pionniers veulent à présent qu'il conduise ce camion vers la mer, et bien qu'il tente de reprendre la route en ne pensant qu'à son propre intérêt, il se retrouve impliqué dans le destin de la petite communauté.

• Judge Dredd, 1995, Danny Cannon
Après une apocalypse nucléaire en 2139, la plus grande partie de la Terre est devenue inhabitable et la civilisation survit dans de mégapoles surpeuplées. En haut se trouvent les quartiers favorisés, et en bas règne la misère. Pour maintenir l'ordre, les juges patrouillent sur de puissantes motos volantes, les lawmakers ( "tribuno-glisseurs"). Ils sont à la fois policiers, jurés et bourreaux. Judge Dredd (Silvester Stallone) est un juge exemplaire, profondément convaincu du bien-fondé de sa mission et de l'infaillibilité de la justice qui s'exprime par les juges. Mais lorsqu'il est accusé du meurtre d'un journaliste, il se retrouve incapable de prouver son innocence et est envoyé en prison à vie. En s'échappant, il découvre qu'il est en fait le fruit d'une expérience génétique (le projet Janus) et que son ancien meilleur ami, le juge Rico (Armand Assante), qu'il a envoyé en prison, est son frère. Tout ce dont on l'accuse a en fait été perpétré par Rico, qui s'est évadé et veut diriger la ville avec l'aide de clones de lui-même, qui remplaceront les juges...

• Escape from L.A., 1996, John Carpenter
Suite au film à succès Escape from New York (1981). En 2000, un tremblement de terre transforme la ville de Los Angeles en île. Un candidat aux élections présidentielles (Cliff Robertson) qui avait prédit cet évènement comme une punition pour les pêcheurs est élu et instaure un régime totalitaire "moral". Tous ceux qui en enfreignent les lois sont soit électrocutés, soit bannis à L.A. En 2013, le révolutionnaire Cuervo Jones (Georges Corraface) a pris le contrôle de l'île et de la société hétéroclite et violente qui s'y est constitué. Il utilise la fille du président, Utopia (A.J. Langer), pour obtenir une télécommande contrôlant l'Epée de Damoclès, une série de satellites qui peuvent faire régresser une ville, un pays ou la Terre entière en rendant toute technologie inopérable. Avec cette arme de chantage, il entend reprendre les Etats-Unis. Le gouvernement utilise Snake Plissken (Kurt Russell), un criminel très célèbre et difficile à tuer, pour récupérer la télécommande auprès de Cuervo Jones, en lui promettant le pardon pour ses crimes (et aussi en lui injectant un poison qui le tuera en quelques heures, dont ils sont seuls à avoir l'antidote, antidote qu'il n'aura qu'en échange de la télécommande). La société sur laquelle règne Cuervo Jones est post-apocalyptique, hétéroclite et punk. Violence et trahison y sont monnaie courante. Il compte dans ses hommes de main quelques motards, qui le suivent lors d'une parade qu'il effectue en voiture à travers la place principale. Plissken tente alors de s'emparer de la télécommande en s'appropriant une des motos et en fonçant sur Cuervo. Il évite les coups de feu, fait un wheeling arrière et saute par-dessus des véhicules, mais est finalement jeté à bas de la moto par des bolas lancées par Cuervo.

• Looper, 2012, Rian Johnson
Au milieu du XXIème siècle, le voyage dans le temps n'existe pas encore, mais il existera bientôt, et sera utilisé par la mafia pour se débarasser de personnes gênantes de façon rétro-active. Ils leur dissimulent la tête dans un sac, leur attachent des lingots d'argent dans le dos et les envoient dans le passé, où des tueurs à gage surnommés "loopers" les tuent immédiatement et sans connaître leur identité, puis prennent les lingots comme salaire. Un jour, les lingots seront en or, ce qui signifie que la cible était une version plus âgée du looper lui-même. Cet assassinat, qui s'appelle "boucler sa boucle", marque la mise à la retraite du tueur à gage qui peut utiliser les années qui lui restent comme bon lui semble. En 2044, Joe (Joseph Gordon-Lewitt) est un "looper" qui amasse les lingots d'argent jusqu'à pouvoir partir en Espagne. Mais lorsque vient le moment de boucler sa boucle, la version plus âgée de lui-même le regarde droit dans les yeux, et il manque de le tuer. Il s'avère que Joe âgé (Bruce Willis) a un plan : tuer un enfant qui va devenir le "Rainmaker", l'homme qui contrôle les voyages dans le temps trente ans plus tard, et qui est responsable de l'assassinat de la femme de Joe âgé. Joe jeune, en tentant de se débarasser de son moi futur, rencontre l'enfant en question, Cid (Pierce Gagnon) et sa mère Sara (Emily Blunt), et tente de les protéger. Ce monde futur a une atmosphère post-apocalyptique et délabrée, que ce soit dans les décors ou dans l'attitude des personnages, qui mènent des existences sans but. Sara, qui protège férocement son fils dans la ferme où ils habitent, tranche avec cette désagrégation physique et morale. Parmi les avancées technologiques se trouvent les moto-jets volantes, montées sur des réacteurs et non sur des roues. Un des amis de Joe, Seth (Paul Dano), vient d'en acheter une flambant neuve. Kid Blue (Noah Segan), un des hommes de main de la mafia qui arrive dans la ferme de Sara pour tuer les deux versions de Joe, pilote un exemplaire plus sale, qui s'écrase au sol lorsque Joe jeune lui tire dessus.


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